Illettrisme en entreprise : en parler et agir

Mardi 7 décembre se tenait notre dernier rendez-vous dédié aux entreprises de l’année 2021. En visio, nous abordions la thématique de l’illettrisme en entreprise. Nicolas Viau, coordinateur de l’IFRAESS et Anais Borowiak, chargée de mission nationale de l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme étaient présents pour éclairer les entreprises et répondre à leurs questions.

Illettrisme, de quoi parle-t-on ?

A distinguer de l’analphabétisation, l’illettrisme correspond à la situation de personnes qui ont été scolarisées en France mais qui ne maîtrisent pas les compétences de bases de lecture, d’écriture, de calcul ou du numérique. Ces compétences de bases rassemblent les compétences qui permettent d’être autonome dans la vie personnelle et professionnelle. Ainsi, les personnes en situation d’illettrisme peuvent rencontrer des difficultés pour lire et répondre aux mots laissés par les enseignants dans les carnets de correspondance, retirer un billet de train à un guichet, rédiger un courriel, réaliser des démarches administratives … En entreprise, cela peut se traduire également par des difficultés à comprendre les plannings, savoir travailler en autonomie ou encore en équipe dans un cadre défini.

En France, 2 500 000 personnes de 18 à 65 ans seraient en situation d’illettrisme soit 7% de la population.

Les impacts de l'illettrisme

De par sa nature, l’illettrisme est invisible. Il est toutefois bien présent en entreprise. En effet, plus de la moitié des personnes touchées par cette problématique ont un emploi. 

La crise sanitaire que nous connaissons a bousculé les modes d’organisations et de production, révélant ainsi des fragilités qui pouvaient jusqu’alors être masquées. Cette situation soulève des questions face aux enjeux de transformations écologique, numérique et d’inclusion rencontrées par les entreprises. Comment y répondre et accompagner le changement lorsque les compétences de base ne sont pas maîtrisées ?

Quelles soient individuelles, collectives, économiques ou encore sociales, les performances des entreprises sont impactées par l’illettrisme. 

L’illettrisme peut affecter les performances de l’entreprise par des difficultés de compréhension des messages écrits, la réticence aux changements, une sur-sollicitation des collègues ou de la hiérarchie, la réalisation d’erreurs qui doivent être régulées, des situations de stress qui engendrent un climat dégradé dans la structure, le frein au développement de nouveaux projets, une insatisfaction des clients …

Les salariés qui maîtrisent les compétences de bases communiquent mieux, s’adaptent mieux aux changements, sont plus confiants, peuvent développer de nouvelles compétences techniques, ce qui engendre un climat plus apaisé dans l’entreprise, moins de pertes et d’erreurs, davantage d’efficacité dans le management, une meilleure garantie de règles d’hygiène et de sécurité … les entreprises ont donc tout intérêt à agir pour accompagner les personnes en situation d’illettrisme.

Comment agir en entreprise ?

Face à une problématique invisible, souvent masquée ou dissimulée, il est nécessaire pour les entreprises de prendre conscience qu’elles peuvent être concernées. Cette prise de conscience est une première étape vers l’information, puis la sensibilisation des équipes et l’accompagnement des personnes touchées ainsi que de la structure. Celle-ci doit s’entourer des acteurs du territoire qui sauront l’éclairer et la guider dans les actions à mener.

Il n’est jamais trop tard pour engager une démarche pour accompagner ces salariés riches de nombreuses compétences qu’ils ont pu développer pour compenser le manque de maîtrise des compétences de base.

L’information et la sensibilisation permet de rendre visible ce qui ne l’était pas auparavant (indices, comportements, stratégies d’évitement …).
Nicolas Viau

Liens et contacts utiles et pratiques

  • Prendre conscience. Evagill : un outil pour mesurer le taux de risque d’avoir des salariés en situation d’illettrisme dans la structure. Selon le taux de risque, le questionnaire se poursuit pour mesurer les signaux faibles de l’illettrisme (ex : refus d’aller en formation, de changer d’horaires …). A la fin du diagnostic, vous êtes mis en relation avec votre opérateur de compétence pour être accompagné.
  • Former. Un module de formation sur le repérage et l’accompagnement de l’ANLCI.
  • Prendre contact sur le territoire. IFRAESS.